Antivirus contre Internet : l’Australie joue les Admins de droit divin

Politique - Stratégie - Posté on 25 Juin 2010 at 11:45 par Solange Belkhayat-Fuchs

Ce n’est pour l’instant qu’une recommandation faite par un Comité d’Etudes près la Chambre des Représentants d’Australie. Mais un projet tout à fait sérieux : les internautes Australiens n’auront accès à Internet qu’à partir du moment où leur machine sera protégée par un antivirus. Un scoop de nos confrères de News.com.

Encore une « intolérable ingérence de l’Etat » dans les affaires privées ? Peut-être pas. Car cette proposition est accompagnée d’une série de mesures on ne peut plus intéressantes.

– Ainsi, la création d’un centre d’aide et d’information opérationnel 24h sur 24 ; un Cert grand public, tel qu’il en existe un peu de partout en Europe, à l’exception de la France.

– Un amendement rendant illégal toute intention de modifier un système d’information. En d’autres termes, une sorte de LCEN à la mode des antipodes.

– Une proposition d’indemnisation des clients victimes d’éditeurs ayant commercialisé des programmes comportant des vulnérabilités. De quoi faire chauffer la colle des méthodes Owasp et SDL.

Ajoutons que l’offre sur le marché des antivirus gratuits est devenue aussi fiable que celle des programmes commerciaux, ce qui ne devrait donc pas pénaliser les internautes les plus démunis ou les plus économes. En outre, les mécanismes de contrôle d’accès réseau (NAC) sont désormais asses bien maîtrisés et élaborés pour que chaque FAI puisse les mettre en œuvre. Le bilan est donc globalement positif.

Sauf que le diable risque de se cacher dans les détails. Les Français en ont eu un avant-goût avec les effets pervers de la LCEN. S’ajoute également le risque de voir les mécanismes de NAC devenir un peu plus intrusifs que prévus, l’Australie étant en matière de contrôle des flux IP et des contenus un champion presque aussi efficace que le gouvernement Chinois. Vient ensuite le risque de « sentiment de fausse sécurité » qu’apporterait une couverture antivirale totale. Le monde IP n’a pas de frontières, et l’on imagine mal les Australiens ne pas surfer en dehors de leur pays. Et notamment sur des serveurs qui, mal protégés, peuvent à leur tour infecter les postes des visiteurs. L’efficacité des antivirus n’étant pas absolue, loin s’en faut, les résultats seraient catastrophiques, puisque personne ne chercherait à éliminer des malwares qui, par décret et assurance gouvernementale, ne sauraient exister.

Enfin, la proposition de « compensation » en cas d’achat de logiciel bugué montre à quel point certains aspects du projet sont encore utopistes et/ou issus d’esprits politiques ne comprenant peut-être rien à la chose informatique : si Microsoft ou Adobe avaient dû offrir ne serait-ce que 50 cents à chaque internaute, pour chaque faille déclarée, ces entreprises seraient exsangues depuis bien longtemps … Un programme sans « trou » -hormis peut-être le célèbre printf « Hello World »-, est une vue de l’esprit.

1 commentaire

  1. Gourmet

    Zut, je ne peux pas aller vivre en Australie : je n’utilise pas d’antivirus, jamais.
    Par principe, considérant que le bénéfice qu’on peut en tirer est très LARGEMENT inférieur aux inconvénients.
    En résumé : ça sert à que dalle.
    Faux sentiment d’insécurité, relations troublantes entre éditeurs et fabricants de malware, contournement aisé par le premier venu qui veut absolument installer qqchose.
    Db

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