Difenso, « cloud broker » d’échanges sécurisés et Français

Start-Up - Stratégie - Posté on 18 Fév 2016 at 7:17 par Solange Belkhayat-Fuchs
Eric STEFANELLO

Eric STEFANELLO, Président de Difenso

Prenez quelques centaines d’outils d’espionnage technologique sauce Snowden employés sur cinq ou six milliers de cas d’espèce. Ajouter un peu de concurrence sauvage et une bonne main d’analyse des métadonnées mûries sous le soleil des Gafa. Mélangez énergiquement avec une dénonciation des accords unilatéraux du Safe Harbor par la Cour de Justice Européenne. Epicez avec une dématérialisation des progiciels et une généralisation des messageries Cloud, nappez le tout avec une bonne couche d’OIV et autres acteurs stratégiques qui ont vu s’envoler en fumée tout espoir de « cloud souverain ». Et servez vos données encore chaudes à qui veut se donner la peine d’y goûter.

Voilà très exactement à la fois la clientèle que vise la startup Française Difenso (fondée en juillet de l’an passé), un « Cloud broker » concurrent des CypherCloud ou Adallom. Son DG, Eric Sallou, explique « Mon travail : chiffrer les données depuis le poste de l’usager jusqu’au service Cloud qu’il utilise, rendre opaque tout échange devant transiter sur le réseau public. Mes atouts : être Français, donc échapper aux contraintes juridiques liées à un Patriot Act quelconque, et tout faire pour obtenir une certification Anssi » (ndlr Certification Sécuritaire de Premier Niveau). Et l’on pourrait ajouter « rester abordable ». Les tarifs proposés sont à la portée des PME et professions libérales, aux environs de 5 Euros par poste et par mois pour ce qui concerne les offres Messagerie. La protection des modèles SaaS à la Salesforce reste, quant à elle, établie selon un barème lié au coût de licence utilisateur.

 

Eric Sallou, DG de Difenso

Eric Sallou, DG de Difenso

Techniquement parlant, Difenso commercialise un service reposant sur une « appliance », qui intercepte tout trafic destiné à un service en particulier, le chiffre de manière transparente, puis l’expédie à destination. Pour l’heure, le « core system » gère les services Salesforce, Talensoft (service R.H.), les offres Cloud Google (Gmail etc.) et Exchange 365. Exchange seulement ? « Pour l’heure, c’est essentiellement sur cette partie que la demande est la plus forte. Nous commençons à recevoir quelques demandes pour Sharepoint, mais pas encore sur les autres services 365 ».

L’opération inverse est également totalement transparente tant que le destinataire appartient à la même organisation et fait transiter ses échanges via la même passerelle. « Presque » transparente devrait-on écrire. Car s’il n’est pas nécessaire d’invoquer une interface de chiffrement spécifique lors de l’envoi d’un courriel, il faut cependant ajouter un interrupteur pour que la passerelle sache si le courrier sortant est à chiffrer ou non. En général, cet interrupteur est constitué par un groupe de lettres remarquables glissé dans l’intitulé du message. Les services cloud tels que Salesforces et assimilés, quant à eux, sont automatiquement protégés par une session SSL, du navigateur situé sur le poste client jusqu’au service SaaS.

Les contacts de messagerie extérieurs qui ne sont pas client Difenso, quant à eux, doivent faire appel à un service accessible en ligne pour obtenir une clef de déchiffrement. L’opération est gratuite, et devient elle aussi transparente une fois que la personne s’est inscrite sur le portail. « Nous sommes très attachés à cette gratuité d’usage pour les personnes « extérieures », d’autant plus qu’elle est indispensable à certains de nos clients, tels les cabinets d’avocats, qui doivent correspondre en permanence avec des particuliers » insiste Eric Sallou. Apparemment, la chose paraît simple. Il a pourtant fallu adapter les agents « client » à tous les logiciels et services de messagerie les plus courants : imap, smtp, solution dédiées, interface Web ou U.A. spécifique (Outlook et concurrents), en versions poste fixe ou applications mobiles sous Android ou IOS. D’autres développements et services sont en cours, qui suivent l’évolution de l’informatique dans le nuage. Bien sûr, on pense aux services publics de partages de fichiers, à la possibilité de « réponse chiffrée » d’un non-abonné à une entreprise équipée d’une passerelle Difenso, à d’autres outils de communication plus instantanés mais rarement chiffrés.

Laisser une réponse