Fic 2016 : Cybersécurité, entre enjeu régalien et bureau mobile virtuel

Actualités - Conférence - Posté on 15 Fév 2016 at 6:12 par Solange Belkhayat-Fuchs

IMG_7256Cryptage, cybercrime, fichier des gens innocents, le Forum International de la cybersécurité 2016 a renoué avec un vocabulaire des années « 11 septembre » que l’on croyait oublié. C’est Xavier Bertrand, actuel Président du Conseil Régional du Nord Pas de Calais, qui ouvrait le bal avec un discours d’ouverture musclé.
« La cybersécurité est un enjeu régalien » affirme-t-il. « De défense, de sécurité intérieure, marquée par la persistance du terrorisme ainsi que de multiples formes possibles d’attaques, entre les Etats et contre les Etats ». « Il faut », explique-t-il en substance, « adapter notre arsenal juridique à de nouvelles formes de criminalité, recourir aux moyens NTIC pour moderniser nos moyens d’investigation et de sécurité publique ». Et de plaider en faveur d’un regroupement des services d’investigation et de l’ensemble des acteurs techniques et scientifiques, au sein d’une même direction au niveau national. Vidéosurveillance, systèmes de traitement du Big Data pour détecter les signaux faibles, drones urbains, mettre en commun les différents fichiers informatiques « pour garantir plus d’efficacité aux services de police et de gendarmerie »… et d’ajouter être partisan de l’adoption d’un PNR Européen (enregistrement des données personnelles des passagers des lignes aériennes), voire même de son extension aux lignes ferroviaires.
Le « tout numérique » au détriment du travail de terrain, le « tout fichiers » au grand dam des défenseurs des libertés individuelles et des groupes de travail Européens tels que le 29A et des différentes CNIL participantes, le « tout filmé » et le « tous en rangs » si prisé Outre Manche.

Neogend, 60000 smartphones spécifiques pour policiers et gendarmes

Le général Denis Favier, Directeur général de la Gendarmerie nationale, a, quant à lui, centré le débat sur les hommes et sur les moyens. Et d’expliquer comment, progressivement, région après région, le programme Neogend pourra se déployer. « Chaque gendarme, équipé d’un smartphone ou d’une tablette, pourra, sur le terrain, disposer des mêmes niveaux d’information que ceux disponibles en brigade ». Projet initié en région Nord-Picardie, et qui devrait s’étendre à la totalité du territoire d’ici à 2017. La « mobilité » et les réseaux numériques au secours des missions territoriales en quelques sortes. Smartphone ou tablette ? Il semblerait que dès le début, les forces de police et de gendarmerie aient en grande majorité préféré le téléphone, pour d’évidentes raisons d’encombrement et de facilité d’utilisation. Neogend offre l’accès aux principaux fichiers des personnes recherchées, la possibilité d’envoyer ou de récupérer des documents de taille importante (principalement des photos), sans oublier bien sûr la messagerie tactique. Neogend apporte donc aux forces de l’ordre ce bureau mobile, un lieu de travail virtuel déjà pratiqué par des centaines de milliers de cadres itinérants dans le civil, avec les avantages et les inconvénients sociaux que cela implique. C’est également, faut-il noter, une première dans le domaine de la police et de la gendarmerie qui, de tous temps, a tenu à conserver une infrastructure de communication (par courrier de surface, moyens radio HF ou UHF etc.) interne et spécifique. Neogend s’appuie essentiellement sur un opérateur civil. Une externalisation qui peut soulever certaines questions en matière de fiabilité en cas notamment de catastrophe naturelle ou d’attentat. A ces remarques, les gendarmes impliqués dans cette expérimentation précisent que le terminal mobile peut tout de même continuer à échanger via les outils de transmission embarqués, au détriment certes de la bande passante, mais avec assez de fiabilité pour assurer au moins le fonctionnement de la messagerie tactique.

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