Fraude : Amazon, blanchi comme neige

Actualités - Société - Posté on 17 Avr 2018 at 8:27 par Solange Belkhayat-Fuchs

Bob AuBuchon

Lorsque Patrick Reames reçoit un formulaire de déclaration d’impôt de la part d’Amazon, raconte Brian Krebs, il ne comprend pas très bien pour quelle raison son nom figure au titre des bénéficiaires d’une publication à compte d’auteur. D’autant plus que l’ouvrage portant son nom a été vendu plus de 500 euros à 70 reprises, et qu’il est composé de phrases sans queue ni tête.

Des lecteurs amoureux d’une forme dévoyée d’OuLiPo ? Plus probablement un moyen d’utiliser Amazon comme centre de blanchiment d’argent explique Krebs : l’identité d’une personne est récupérée avec de classiques méthodes de spear phishing, un pseudo ouvrage est ensuite mis en vente, et les possesseurs d’identités bancaires volées achètent ledit ouvrage et interceptent le montant destiné à l’auteur. Au passage, Amazon prélève 40 % du montant, ce qui, en termes de droit Français…

Ce n’est pas là un cas isolé, puisque l’on peut trouver dans le catalogue Amazon, des ouvrages fantaisistes vendus à des tarifs astronomiques, oscillant entre 100 000 et 2,5 M$ USD. Tous les grands sites marchands, eBay y compris, servent de système de blanchiment d’argent à leur corp défendant, soit par le biais d’achats de marchandises revendues ensuite par des mules, soit grâce à des usurpations d’identités. Des pratiques qui reposent toutes sur l’exploitation d’un même principe : le très faible niveau contrôle que les super-chaines de ventes exercent sur les produits dont ils ont la charge, presque un total désengagement de leur part. L’absence d’implication des autorités d’enregistrement de noms de domaine face au déferlement de dépôts à l’intitulé douteux et pourtant facilement détectable, l’incapacité des sites de ventes PàP à contrôler la bonne foi des vendeurs, le fait de ne pas regarder de près l’objet de certaines ventes fortement discutables mais en revanche très lucratives. Le tout dans une totale impunité, puisque ces intermédiaires opposent une « stricte politique de confidentialité visant à préserver la vie privée des clients », fait en faveur des escrocs de tous poils.

Laisser une réponse