L’heure, le jour et le mois de la vengeance

Actualités - Société - Posté on 02 Avr 2013 at 12:27 par Solange Belkhayat-Fuchs

Chaque mois, l’équipe marketing de Kasperky publie une page de calendrier déclinant le genre « sécuritaire répressif » sur tous les tons. On y découvre, pour le seul mois d’avril, la commémoration de 4 arrestations et incarcérations de cyber-malfrats et d’une cyber-attaque d’envergure. Il n’y a pas si longtemps, les calendriers sécu prévenaient des attaques probables perpétrées par les virus cycliques… remember Vendredi 13.

Ce glissement progressif de la prévention vers l’apologie de la vengeance n’est pourtant pas une constante chez les ténors de la sécurité. Cette semaine, Bruce Schneier renoue avec son style contestataire des années 90, et prend le contrepied de l’information sécurité officielle pour en faire une lecture transposée sur le mode Syrien. Il rappelle ainsi que bon nombre de méthodes employées par les dictatures en général ne sont que l’interprétation amplifiée de réflexes courants dans le monde de l’industrie. La censure, par exemple, s’appelle souvent « filtrage de contenu » dans les démocraties bien pensantes. La propagande, continue-t-il, n’est qu’une forme exagérée du marketing. Les outils de surveillance de l’individu, de ses actes et de ses écrits ne sont, dans les sociétés totalitaristes, qu’une utilisation un peu plus poussée des systèmes d’analyse comportementale et de monitoring des consommateurs. Idem pour les techniques de contrôle qui « bordent » les utilisateurs travaillant au sein d’une architecture réseau et limite l’usage qu’ils pourraient faire des ordinateurs qu’ils utilisent sur leur lieu de travail.

La technologie n’est qu’un amplificateur des outils du pouvoir, conclut Schneier, qui rappelle, par quelques exemples, que des équipements initialement destinés à sécuriser et optimiser des activités commerciales (BlueCoat, Sophos, système de reconnaissance faciale de Disney etc.) sont également employés, à des fins nettement moins économiques et nettement plus politiques en Syrie ou en Chine. En France, fort heureusement, les entreprises baignant dans les eaux troubles de l’outil policier-mais-pas-trop ne font plus partie du portefeuille d’actions de nos grands groupes industriels informatiques …

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