La cyber-peur plus forte que la terreur terrorisante

Expert - Posté on 22 Mai 2012 at 1:25 par Solange Belkhayat-Fuchs

Tout a une fin, même les campagnes politiques poussant le culte de la peur et de l’omniprésence terroriste, puisque, si l’on en croit une récente étude réalisée par le cabinet Lieberman commanditée par Unisys, le citoyen Américain craint plus les Anonymous, les cyber-attaques et le « big one » numérique que les poseurs de bombe barbus. Peut-être est-ce là un premier effet de la crise économique qui frappe les pays occidentaux, et qui recentre les préoccupations autour des intérêts et risques financiers de chacun.

74% des citoyens US veulent voir se développer une meilleure protection des infrastructures informatiques fédérales, 73% estiment qu’il faut faire des efforts pour sécuriser les réseaux d’alimentation en énergie : un syndrome Die hard national en quelques sortes bien que la probabilité d’une attaque Scada portant sur tout un pays soit techniquement hautement improbable. En revanche l’intérêt pour la chasse au terrorisme et l’importance du DHS (département de la défense intérieure), qui fut tant à la mode ces 10 dernières années, tout cela n’éveille l’attention « que » de 68 % de la population.

Précisons que l’étude Unisys a été effectuée non pas auprès de responsables d’entreprise ou de spécialistes sécurité, mais en interrogeant une population d’un millier de foyers sans critère particulier.

Cette étude, qui ne mesure en aucun cas le niveau d’une cyber-menace réelle, montre à quel point il est simple de créer des psychoses d’envergure nationale sans avoir à avancer la moindre parcelle de preuve. Elle met également en évidence un étonnant non-sens qui semble avoir pris racine aux USA : la croyance qu’il est possible de combattre une technique. Les « années Bush » ont inventé la « guerre au terrorisme », les années Obama sont passées à la « guerre contre la cyber-guerre ». Cette cristallisation des angoisses non pas contre une entité, une nation, un danger identifiable, mais contre un concept polymorphe et imprécis donne à quelques lobbyistes les coudées franches pour écouler des stocks de caméras de flicage (ou de vidéo protection selon le radicalisme idéologique du moment), des outils de surveillance d’Internet, des lois sur la suppression du secret de la correspondance lorsque celle-ci devient numérique et ainsi de suite. Las, l’étude d’Unisys n’établit pas de courbes mettant en regard la montée des cyber-angoisses et les prévisions de vente des spécialistes de la cybersurveillance, pourtant critiqués par ailleurs dans le milieu de la presse économique

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