Le Vatican succombe au péché de share

Actualités - Société - Posté on 17 Avr 2013 at 1:50 par Solange Belkhayat-Fuchs

Le site TorrenFreak publie très régulièrement de passionnantes statistiques sur les téléchargements de films et de musiques via les réseaux P2P.Au début de ce mois, l’un de ses principaux rédacteurs s’est intéressé à la gente qui porte soutane en général et aux habitudes cinématographiques du Saint Siège en particulier.

Car on apprécie les véhicules numériques, chez les sacerdotaux, du curé de campagne au sous-pape… et peut-être même plus haut. Ainsi ce vidéoclub monastique irlandais qui organise chaque semaine sa séquence du jeûne-spectateur. Mais c’est grâce à une persévérance de jésuite et un travail de bénédictin que l’équipe de TorrentFreak est parvenue à déterrer des « seeders » encore plus discrets, ceux qui piratent du blockbuster à l’ombre de la Cité de Saint Pierre. Etude d’autant plus difficile que l’empreinte numérique de ce micro-état est trop faible pour attirer l’attention des radars habituellement utilisés.

Et que téléchargent donc les pontifiants prélats ? Dialogue de Carmélite d’Agostini, le Jeanne d’Arc de Besson ou le François d’Assise de Cavani ? Que Nenni ! TorrentFreack fait ressortir deux tendances : l’un des plus gros téléchargeurs pontificaux se passionne pour les séries B américaines, peut-être en raison d’une quête œcuménique quasi bouddhiste à la recherche du vide absolu. Les voies valétudinaires des védas vidéo.
Son voisin de chambrée, en revanche, apprécie plus particulièrement les productions roses, avec menottes, cordes et lanières de fouet. Genre « seules les voies du Seigneur sont impénétrables », « le share est faible » et le « pour le meilleur et le peer to peer ». On ne dira jamais assez l’influence de l’Inquisition Espagnole sur les héritiers spirituels de Torquemada. A moins que ces consultations purement documentaires ne soient le fruit d’un Garde Suisse ayant trouvé refuge à Rome après l’affaire du Pornogate. Pas de doute, c’est encore un coup des séculiers. Car peut-on réellement soupçonner de trop curieux curés, de calmes camerlingues, des carmes, de futurs saints incarnés, des curies incarnates et des cardinaux coupables d’incurie ou de concupiscents computes* (en un seul mot svp) ? Y’aurait de quoi rester coi.

Faut-il sévir ou fermer les yeux ? Doit-on préférer qu’un amène Amen mène ces pécheurs à imiter les humeurs modérées des pudiques Minimes ? Ou entendra-t-on résonner sous les ors de la Basilique des « Laurent, serrez ma haire avec ma discipline! »

Avant que n’éclate une bulle Papale (De sanctum downloadum) et qu’une Sainte Inquisition Dominus Hadopicum ne vienne remettre dans le droit chemin ces brebis vidéo-intoxiquées, ayons une pensée émue et confraternelle envers le RSSI chargé du tld « .VA ». Car en vérité je vous le dis, celui qui tamise ses trames et préserve par une docte scolastique la pureté morale de ses ouailles, celui-là gagnera sa place à la droite du RIAA, de la Sacem et de ses centaines d’organismes collecteurs. Ite articlum est.

NdlC Note de la Correctrice : le compute radical du mot « computer » désigne le calcul des dates religieuses mobiles. Synonyme de calcul, tombé en désuétude.

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