Les héritiers de RBN et le TaaS : Truandage As A Service

Actualités - Cyber délinquance - Posté on 20 Avr 2010 at 1:35 par Solange Belkhayat-Fuchs

La Cyber-Cosa-Nostra Russe se porte comme un charme et a tiré des leçons du passé. Et le principal enseignement tient en peu de mots : abandon définitif des architectures offrant un « single point of failure » comme disent les spécialistes. Sur ce sujet, Pierre Caron du Cert Lexsi nous raconte comment fonctionne GrandHost, hébergeur officiel de la techno-mafia des pays de l’Est. Les datacenters et centres d’hébergement de Saint Petersburg du RBN ont disparu pour laisser place à des offres de hosting dédiées, virtuelles ou mutualisées, sur des sites répartis dans « plusieurs régions du globe » dans le cadre de machines louées à d’autres hébergeurs. Une sorte de sous-location à géométrie variable. Le Cloud-truand existe avant même que le Cloud industriel ait fait son apparition.

Outre cette réduction de la surface vulnérable, ces hébergeurs accroissent la palette de services offerts aux clients : enregistrement anonyme et opaque, vérification de la « qualité » et de l’absence de détection des vecteurs d’attaque (troyens, virus, ), surveillance des « listes noires » des divers grands surveillants du Net (SpamHaus, PhishTank, McAfee etc). Le tout assuré par une équipe de suivi technique digne d’un fournisseur « blanc Persil ».

Dancho Danchev rédige de son côté un article fort proche, qui traite également des nouvelles offres des « hosteurs » mafieux. Et plus particulièrement du recrutement des petites mains chargées de récolter l’argent des différentes escroqueries en ligne. En d’autres termes, un département « Mule As A Service », que l’hébergeur propose à chacun de ses clients, eux-mêmes (voir plus haut) spécialisés dans le phishing, le scam, le scareware, les botnets etc. Là encore, le travail des gardiens de mules s’étend sur plusieurs pays du globe. « la cyberdélinquance, insiste Danchev, doit être considérée non plus avec une optique nationale, mais sous un angle international, puisque chaque nation possède son propre lot de délinquants du « on line » ». Et c’est bien le cas des « mules », qui sont proposées par ces spécialistes du Travail Mafieu Temporaire. « Ce qui est le plus impressionnant dans ce cas, continue l’auteur, c’est l’efficacité de la répartition géographique de ce quasi « syndicat de recrutement des mules » » : 11 en Hollande, 11 en Chine, 29 aux USA, 8 en Belgique, 1 en Allemagne. Une cartographie soigneusement dressée à l’aide des DNS employés.

Les services d’enrôlement des mules sont devenus très actifs et prospères depuis les 8 derniers mois. La crise aidant et les écarts de profits entre les « gros salaires » directoriaux et le commun des mortels devenant de plus en plus importants, la tentation d’un « second emploi très rémunérateur de correspondant commercial » est bien tentante. D’autant plus que ces offres sont généralement présentées comme des postes d’intermédiaires de transactions fleurant bon la légalité et la respectabilité.

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