Numergy placé en procédure de sauvegarde

Business - Stratégie - Posté on 26 Oct 2015 at 11:04 par Solange Belkhayat-Fuchs

Numergy vient d’être placé en procédure de sauvegarde, sorte de tutelle financière destinée aux entreprises en difficulté. Destinés à protéger les données et nécessaires de par la régulation française, les deux « vecteurs technologiques » Cloudwatt et Numergy issus du projet Andromède imaginé par le gouvernement Fillon d’alors et financé par le « grand emprunt », n’ont pas eu le succès attendu. Depuis, Cloudwatt a changé de Président, tenté avec forces publicités télévisées de concurrencer Dropbox, et vu partir sa marraine, la Caisse des Dépôt donc l’Etat, au profit de son désormais unique parrain, Orange. Reprise pour un montant non divulgué…

crédit : Paul Townsend

crédit : Paul Townsend

La mise en « procédure de sauvegarde » de Numergy, l’alter ego de Cloudwatt, est une fois de plus la preuve que les mirifiques espoirs de croissance (l’on parlait à l’époque d’un marché de plus de 400 millions d’Euros) sont loin, très loin d’être au rendez-vous. Et aujourd’hui, l’Etat souhaite se désengager de cette aventure alors que les deux actionnaires privés originels, Bull et SFR, se sont fait absorber respectivement par Atos et Numéricable. Le fiscal 2014 de Numergy plafonnait à 6 millions d’Euro de chiffre d’affaires, et 2 pour Cloudwatt.

Bull, Orange, SFR : avec de telles institutions rompues au subtiles techniques d’aspiration des aides d’Etat, une telle histoire pouvait-elle se conclure autrement ?
Le poids politique de ses dirigeants, la « politisation » des enjeux, l’idée d’un « cloud-souverain-mais-qui-ne-concernerait-pas-l’administration-ou-les-très-grandes-entreprises », le principe même d’une participation de l’Etat saupoudrée sur différents acteurs et non concentrée sur un axe unique, prédisposaient les enfants d’Andromède à ce « manque » d’avenir. Bâtir un consortium Européen et non pas une paire de PME nationales, aurait-elle pu être une solution plus adaptée ?

Qu’en est-il aujourd’hui ? L’Etat affirme n’avoir dépensé que la moitié de l’enveloppe « cloud souverain », soit près de 75 millions d’Euros et envisage d’utiliser la somme restante pour d’autres projets de développement. Les deux entités Cloudwatt et Numergy sont aujourd’hui diluées dans l’actif de leurs principaux actionnaires. Et l’on ne parle toujours pas de solutions alternatives comme par exemple un Cloud Européen afin de tenter de contrer, tant sur le point de vue financier que marché ou synergie d’acteurs, les grands gagnants du Cloud à savoir Google, Amazon, Microsoft, Adobe etc. L’Europe ne semble pas encore prête, pénalisée par un temps de réaction bien trop long (qui se compte souvent en années), une latitude de mouvement financière pour ce genre de projet stratégique quasi inexistante, sans compter un poids politique et un rôle de fédérateur visant à réunir des acteurs Français, Allemands, Italiens, Hollandais et Espagnols non encore suffisants pour faire la balance.

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