Pour qui sonne le glas du Sans-Fil (épisode 2)

Gestion des risques - Stratégie - Posté on 13 Oct 2008 at 8:58 par Solange Belkhayat-Fuchs

Tempête dans un verre d’éther. Elle commence par cette mésaventure aéronautique narrée par nos confrères du New Zealand Herald : un Airbus A330-300 aurait sans raison plongé de plus de 300 pieds. Echaudé par un précédent incident prétendument provoqué, en juillet dernier, par les interférences d’une souris sans fil, les enquêteurs cette fois se retournent vers les passagers et recherchent l’éventuel utilisateur d’un appareil sans fil. Il faut dire que l’inconscience des voyageurs est bien souvent la providence des compagnies aériennes. Chez Airbus, prudent, l’on « attend les conclusions de l’enquête ». Autrement dit, rien d’officiel avant 6 mois au moins, compte tenu de la célérité des experts dans de tels cas.

L’A330-300 et modèles semblables volent tout de même depuis un certain nombre d’années -1993 très exactement. Si les quelques milliwatts d’une souris sans fil ou d’une clef WiFi avaient été susceptibles de précipiter 180 tonnes de ferraille et d’électronique de pointe au sol, on ne compterait plus les membres d’Al Quaida parmi les clients privilégiés de Logitech, et la division « Human Interface » de Microsoft aurait ouvert des unités de production sur l’axe Bagdad- Kandahar. C’est faire peu de cas des contraintes d’immunité aux bruits électromagnétiques (normes CEM) qui président à la qualification du moindre appareil susceptible de monter à bord d’un avion moderne. Et puis, laissent entendre certaines mauvaises langues, les téléphones portables, longtemps considérés comme mortellement dangereux à bord d’un aéronef, sont de plus en plus fréquemment les bienvenus sur les appareils en vol. Surtout depuis l’apparition des « microcellules » embarquées, dont l’usage, facturé à la minute de communication, a fait disparaître comme par magie les risques monstrueux que pouvaient faire courir la simple mise sous tension de ces terminaux mobiles. De là à imaginer que ces interférences relèvent plus du « principe de précaution shamanique » que d’une réelle protection envers un danger évident, il n’y a qu’un pas que les actions des opérateurs télécoms franchissent allègrement.

Précisons également qu’un aéronef, au cours de chacun de ses vols, passe statistiquement de très nombreuses fois au travers de champs radio intenses, notamment durant les phases de décollage et d’atterrissage. Champ émis très souvent par des installations situées dans l’immédiate périphérie des aéroports, et d’un niveau pouvant dépasser des centaines de fois l’énergie rayonnée par une clef WiFi, une souris sur 40 MHz ou un GSM sur 900 ou 1800 MHz. Il est légitime qu’un commandant de bord limite par tous les moyens les risques, même hypothétiques, qui pourraient mettre en danger la vie de centaines de personnes. Il est bien plus discutable de voir qu’une compagnie transforme ces règles de prudence en acte d’accusation, avant toute conclusion d’enquête, dans le seul but de se disculper.

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