Tout, tout, tout vous saurez tout sur le [censuré]

Actualités - Société - Posté on 20 Juin 2010 at 7:40 par Solange Belkhayat-Fuchs

Dès que s’étale un bout de [censuré], au moindre poil frisant sur une [censuré] charnue ou bien une belle paire de [censuré] rebondies, il se trouve un senseur prêt à combattre ces preuves de turpitude au nom de la morale et de la préservation de la pureté de la race (chevaline, enfantine etc). Ainsi Apple qui, comme à son habitude, tente de réécrire le manuel de bienséance mondial en interdisant de diffusion une édition d’Ulysse de James Joyce. Roman déjà qualifié d’obscène lors de sa première parution, mais qui, depuis, ne choque tellement plus qu’il est souvent inscrit au programme du second cycle. Ce n’est pas le texte, cette fois, qui a provoqué cette brusque poussée de pudibonderie de la part des Gardiens de l’Ordre Moral de Cupertino, mais les illustrations de Robert Berry , nous apprennent nos confrères du Monde. La pointe d’un [censuré] aurait-elle dû être floutée ? Que nenni ! Totalement supprimée ! « Cachez ce [censuré] que je ne saurais voir ». A ce rythme et à ces raisons, les ouvrages traitant d’art statuaire se limiteront sur l’AppleStore à la publication des monuments néo constructivistes, long défilé de héros musculo-lombaires asexués et musclés marchant le regard droit et fier vers un avenir radieux.

Est-il utile de préciser que, face au tollé général, Apple a dû revenir sur sa décision et accepter d’assurer la diffusion sans réserve de cette édition d’Ulysse, paires de [censuré] et bouts de [censuré] y compris. Anastasie frappe souvent, chez ce constructeur-éditeur-diffuseur-penseur. Les auteurs de plus 5000 appliquettes, le caricaturiste Mark Fiores, les contenus osés de la bibliothèque classique Gutenberg ont déjà fait, par le passé, les frais de cette révision artistique.

Mais les histoires de [censuré] ne frappent pas qu’Apple. Nos confrères du New Yorker nous apprennent que le dernier succès du monde Web Deuzéro, le déjà célèbre ChatRoulette, serait pratiquement obligé d’adjoindre un logiciel de détection de [censuré] à l’air. ChatRoulette est une sorte de messagerie audio-vidéo instantanée qui met en relation des correspondants de manière totalement aléatoire. Une jeune Taiwanaise peut se retrouver face à face avec un vieux Corrézien, un Hippie Californien avec un rebel Ouzbèke caché dans sa yourte cabloalimentée… le but du jeu étant d’amorcer le dialogue avec une personne qui n’a statistiquement aucune chance de se trouver parmi les connaissances de chaque correspondant. Si le système peut favoriser l’apprentissage des langues vivantes, à l’écrit comme à l’oral, et surtout éviter d’entamer de véritable discussion avec de tout aussi véritables voisins, il encourage également certains exhibitionnistes. Lesquels profitent de ce nouveau médium pour afficher leurs [censuré] flamboyants tout en se [censuré] à l’aide d’un [censuré] [censuré] dépassant d’un[censuré] [censuré] (nos lecteurs sensibles excuseront certainement la crudité de nos propos hélas dictés par la nature même de cet article).

L’histoire ne dit pas quelle est la proportion de « rencontres malencontreuses » qu’un usager de Chatroulette est statistiquement susceptible de faire. Elle est très probablement moins élevée que le nombre d’images pornographiques qu’un adolescent doit visionner lorsqu’il tente de télécharger le dernier tube de Shakira sur l’un des principaux sites de WarEZ ou l’interface d’un site de référencement P2P. Là, les [censuré], les [censuré] et les [censuré] s’affichent au grand jour, de manière statique ou animée, sans que cela n’ait provoqué le moindre article dans les colonnes du New Yorker. Serait-ce parce que la société estime que le crime de téléchargement qui a motivé la fréquentation de ce genre de site est bien plus condamnable que tout ce qui gravite autour du business de la pornographie ?

2 commentaires

  1. erick

    Ça manque un peu d’illustrations comme articles…mais bon 🙂

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