Data mining, Google en chevalier noir

Actualités - Analyse - Posté on 12 Juil 2011 at 2:16 par Solange Belkhayat-Fuchs

Tandis que Microsoft joue les chasseurs de prime et les liquidateurs de viagra frelaté, Google, de son côté, travaille à réduire au silence les groupuscules extrémistes. Slate publie un article sur le sujet, qui décrit comment un Think-Tank Google envisage de détecter l’activité des jihadistes, des néo-nazis, des ultranationalistes Irlandais et autres terroristes en puissance lorsqu’ils utilisent le Net. « Nous avons les moyens de rassembler l’information » dit en substance Eric Schmidt, ex CEO et actuel Executive Chairman de Google.

L’auteur de l’article s’étend sur les capacités de recherche, sur les méthodes de financement d’une telle organisation anti-extrémistes violents, sur les intrications avec les polices locales… seule une courte conclusion reconnaît que les idées radicales pourraient se durcir encore plus si un tel flicage bigbrotheriste venait à s’intensifier, et reconnaît également que les grandes aspirations idéalistes sont le fait d’une jeunesse pas toujours réfléchie… vouloir supprimer l’extrémisme, ce serait surtout vouloir supprimer les désirs d’absolu de la jeunesse.

Pas une fois, en revanche, l’auteur ne s’interroge sur le fait qu’une entreprise de droit privé s’arroge le droit d’envisager de se substituer aux pouvoirs régaliens des états. Pas une seule fois non plus il n’est question de définir ce qu’est une idéologie extrémiste. Pas une seule fois encore il n’est fait référence à l’histoire et aux innombrables combats des états contre ce qui était, à un moment donné, une idéologie extrémiste.

Des naissances des principales « religions du livre » aux mouvements ouvriers du XIXème siècle, en passant par les croisades des pastoureaux, les guerres de religions, les épurations ethniques ou coloniales, nombreux ont été les mouvements extrémistes ou anti-extrémistes violents qui ont su réécrire l’histoire à leur avantage. Le pouvoir d’une entreprise lui donne-t-il le droit de s’autoproclamer régent des pensées et des opinions ? Si cette tendance venait à se confirmer, il ne faudrait pas s’étonner d’assister à un durcissement des actes cyber-radicaux … Contre la vision Orwellieno-messianique d’un Google, il risquerait de se développer un contre-contre-extrémisme à côté duquel les actes des Anonymous ou les LulzSec ne seraient que de vagues enfantillages.

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