Anonymous, éthique et ratons-laveurs (second épisode)

Actualités - Analyse - Posté on 28 Jan 2011 at 12:29 par Solange Belkhayat-Fuchs

Qui sont les anonymes ? Parmi les premiers à s’être posé la question, le Cert Lexsi, qui a publié une suite remarquable d’articles sur le sujet. Notamment au fil d’un billet Operation Zimbabwe : chronique d’une cyber-attaque… qui remonte au début du mois de janvier. Certaines conversations relatées par le Cert sont totalement irréelles. « What will be the next target’m kinda outdated » demande un participant. Et les propositions de fuser… Hongrie, Pologne, Chine, Iran… Au ton des conversations, l’on croirait presque entendre Anna Karina chantonner « qu’est-c’que j’peux faire, ch’sais pas quoi faire… » en shootant du pied dans de petits cailloux. C’est Robert Mugabe qui décroche le pompon, grâce à son épouse qui avait fait pression sur un journal ayant publié des « news » Wikileaks la mettant en cause dans une affaire de corruption. Dans quelle mesure cette désignation de cible n’est pas une habile manipulation ? Ou le résultat d’une sorte de roulette russe ? Plouf plouf Ce se-ra toi qui i-ra au pi-quet !

Le reste se poursuit dans une ambiance bon enfant, un peu comme un jeu de guerre se déroulant dans une cour d’école. L’engagement politique à l’abri derrière un clavier, c’est moins glamour qu’un pavé lancé aux côtés de Rudy Dutschke. Mais le service marketing est là, les icones de personnages masqués, au sourire aussi narquois que leur houppelande est noire, marque probablement plus les esprits que les résultats de cette guerre en dentelle. D’ailleurs, qui se souvient encore du blitzkrieg des Anonymous contre Paypal ou Amazon ?

Une fois la cause de l’Afrique opprimée traitée, il faut passer aux choses sérieuses : l’Hadopi Espagnole grandit (c’est logique) et le Sénat Ibère est désigné comme cible. Une nouvelle analyse du Cert Lexsi explique le déroulement de l’attaque en DDoS qui n’a pas duré plus de 40 minutes. Puis, tel un enfant lassé de son jouet, les anonymous cessent leur bombardement IP et se reportent sur l’ambassade des Etats-Unis. L’on pourrait également citer les raids contre la Tunisie en début de mois, puis les premières actions contre des sites Egyptiens (information rapportée notamment par Netcraft ). Une fois n’est pas coutume, ce dernier assaut n’aura strictement aucune conséquence, puisque le gouvernement Egyptien fermera lui-même les vannes d’Internet. Les statistiques de Renesys sont sans appel. Un blocage des communications qui semble ne pas faire débat sur les canaux IRC utilisés par les anonymes. Et pourtant… à force d’utiliser un outil de censure (les attaques en déni de service), la confrontation à une forme encore plus brutale de censure ne pourrait-elle pas soulever quelques cas de conscience ou une remise en cause du procédé ? La cyberguéguerre se résume à un simple rapport de force, une version post moderne de la bataille navale, totalement déconnectée de la réalité, des émeutes, des violences de la rue.

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