Faites du bruit pour les drones

Actualités - Société - Posté on 06 Août 2015 at 8:51 par Solange Belkhayat-Fuchs
crédit : Official U.S. Navy Page

crédit : Official U.S. Navy Page

Sur plus de 17 pages, huit chercheurs Coréens expliquent par le menu comment faire la chasse aux drones indiscrets en utilisant des « bombes sonores ». Selon eux, la pression acoustique provoquée par un bruit violent perturbe le fonctionnement du gyroscope, pièce maitresse qui assure la stabilité de l’aéronef. Après quelques bruits d’explosion, le véhicule radiocommandé finit par « casser du bois ». Ce genre de recherche dont raffolent les participants à la conférence Usenix peut laisser le lecteur dubitatif. La chasse aux drones est le sujet « hype » du moment, et l’on voit fleurir çà et là des outils et systèmes de contre-mesure, certains fantaisistes, d’autres plus réalistes, tous cherchant à exploiter le marché de la peur. L’analyse Coréenne est astucieuse, mais probablement moins efficace qu’un bon déni de service radio en « bande étroite » (émis si possible par un vecteur lui-même soit autonome au moment de l’attaque, soit utilisant des fréquences très éloignées).

Bruce Schneier préfère se pencher sur une autre méthode, toute aussi radicale : l’usage d’armes à feu. Un citoyen des Etats-Unis, armé comme l’autorise le second Amendement, a pris un quadcoptère pour cible sous prétexte qu’il survolait son jardin et celui de sa voisine, mère de deux jeunes filles en train de profiter de la piscine familiale au moment des faits. Soupçons de détournement de mineurs et intrusion inadmissible pour les uns, destruction gratuite et injustifiée du bien d’autrui pour les autres (qui arguent du fait qu’ils ne survolaient pas le terrain)… l’enquête et en cours et a valu l’arrestation du tireur. Lequel passe, dans la presse généraliste Américaine, pour le chevalier blanc de la vie privée

S’il arrive effectivement que certains pilotes de drones abusent un peu des avantages voyeuristes de la réalité augmentée, la surmédiatisation du phénomène rappelle la « panique du Warchalking » des années 90, ce marquage indiscret qui signalait, sur la voie publique, la présence d’un point d’accès WiFi. Depuis, les cartographies des réseaux sans-fil font partie du décor, grâce en soit rendue à Google notamment. Tout laisse à penser que le drone va se banaliser au fil de la décennie à venir. Il se pourrait que ce combat désespéré pour la préservation de la vie privée soit perdu d’avance.

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