Les choses qui font boum et qui tuent, aux USA en général et dans les états de l’Ouest en particulier, sont élevées au rang de religion, avec son église (la NRA) et sa bible, le deuxième amendement. Alors quand Runa Sandvik et Michael Auger, deux chercheurs en sécurité, parviennent à hacker le viseur « informatisé » d’un fusil de précision et en publient les résultats via Wired, la communauté des red-necks, survivalistes et autres va-t-en-guerre frise le nervousse braikedonne. Et la presse d’imaginer des armes de guerre rendues folles par des pirates informatiques, capables de défourailler tous azimuts.
Las, le véritable sujet n’est pas là , et le sensationnalisme occulte le véritable but de la recherche, qui se résume en trois points :
– il doit exister des limites à l’Internet des Objets,
– la course à la gadgetisation exige de la part des intégrateurs des compétences qu’ils ne possèdent pas et qui nécessitent un apprentissage plus long que leurs « time to market », et
– la découverte d’un défaut par une tierce partie demande un minimum de considération et un temps de réponse rapide. Surtout s’il s’agit d’armes à feu.
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De manière lapidaire,la lunette de visée conçue et commercialisée par TrackingPoint depuis 2011 repose sur un Linux embarqué. Lequel système filme la cible, détermine le point d’impact, déclenche lui-même le tir lorsque la visée est correcte (sous contrôle du tireur), et prend en charge les paramètres de tir tels que la vitesse du vent, la distance de la cible, la charge de poudre et autres précisions techniques.
Il va de soi qu’ajouter un lien Wifi sur un tel système d’arme et, de surcroît, y accoler un mot de passe par défaut, ouvre la porte à tous les détournements possibles « for fun and profit ». Mais ce n’est pas la seule erreur d’intégration commise. Les variables de tir ne sont en aucun cas limitées par des points de consigne, c’est là pourtant un principe de base de tout système d’automatisation, notamment dans le but d’éviter des emballements. L’un des chercheurs indique notamment qu’il lui a été possible d’indiquer au fusil qu’une balle contenait 72 livres de poudre. On imagine la taille de l’étui. Peu de limite également dans le débattement maximal de la lunette, qui peut accepter des angles de correction relativement importants.
Mais le dernier bug, et non l’un des moindres, semble être le temps de réponse (ou de non réponse) de l’armurier lorsque les deux chercheurs ont tenté de faire connaître le résultat de leurs travaux …