La Chine sacrifie 460 hackers sur l’autel de la transparence

Actualités - Analyse - Posté on 03 Déc 2010 at 1:00 par Solange Belkhayat-Fuchs

La Chine, via son Ministère de la Sécurité Publique, fait savoir qu’au cours de l’année écoulée, 460 hackers ont été arrêtés et 180 cas de cyberattaques auraient été résolues. Cette information, tombée dans la journée de lundi dernier, suivait de peu la divulgation du « cablegate » provoqué par Wikileaks. Certaines notes d’ambassade révélées à cette occasion désignent Pékin comme étant la tête pensante de la cyberattaque Aurora.

Pourquoi ce sacrifice de 460 cybersoldats potentiels ? C’est probablement là le tribu que doit payer la diplomatie Chinoise pour désamorcer cette attaque politique imprévue. Les accusations émises par la Maison Blanche lors de l’affaire Google China ou du hack des messageries d’Adobe et de plusieurs grands groupes industriels américains s’étaient soldées par de vagues dénégations. Mais le « scoop » Wikileak est d’une toute autre nature, totalement étrangère à la dialectique et aux conventions de la politique internationale. On est dans le discours crû et direct, cynique parfois, de la cuisine du pouvoir, sans dialectique, sans périphrases ou euphémisme. Les ambassadeurs décrivent leurs interlocuteurs tels qu’ils sont et non tels qu’ils voudraient paraître, et parlent ouvertement des coups bas de la cyberguerre sans employer les précautions de langage habituelles. Ce qui « fait vrai » et marque bien plus l’opinion publique.

Des courriers d’Ambassade qui parlent donc d’un pilotage direct des « hacktivistes » Chinois par le gouvernement. Ces alliances objectives d’intérêts et ce conditionnement patriotique propre aux pays collectivistes (ou anciennement collectivistes dans le cas de la Russie) ne sont un secret pour personne dans le milieu de la sécurité, mais pouvaient relever du fantasme à la James Bond pour le très cartésien lecteur du Monde. La fuite d’information organisée par Wikileaks transforme ce fantasme en forte probabilité, que seul des chiffres sur la lutte contre la cyberdélinquance en Chine pouvaient amoindrir. Il est peu probable que les 460 « pirates » Chinois aient fait partie des cybertroupes d’élite de cette armée populaire d’un nouveau genre, et que seuls les plus encombrants et les moins doués aient fait les frais de cette opération. Rappelons tout de même que la peine de mort a déjà été prononcée (et mise à exécution) à l’encontre de hackers Chinois, et que dans les cas les moins graves, les peines de prison sont souvent lourdes. Il serait imprudent et réducteur d’associer ces 460 arrestations comme 460 applications d’une sorte de « Lcen locale ».

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