Portables : après deux ans, rien ne va plus

Etude - Tendances - Posté on 21 Déc 2009 at 1:32 par Solange Belkhayat-Fuchs

nouQrazDéprimante étude que celle du britannique SquareTrade. Spécialiste des assurances en « extension de garantie », ce prestataire de services s’est penché sur quelques 30 000 dossiers de sinistres concernant des ordinateurs portables tombés en panne. Après 3 ans d’usage, un tiers des machines étaient défectueuses. Sur ces 30%, 20% des systèmes ont succombé à une panne matérielle et seulement 10% à un dommage accidentel. En d’autres termes, le premier ennemi de l’ordinateur-jetable, c’est lui-même, autrement dit le manque de fiabilité de son électronique.

En examinant les statistiques des pannes, la première constatation qui s’impose, c’est que le taux de panne suit une progression linéaire avec le temps. 7% la première année, 20% la seconde, 30% la troisième… passé 5 ans, les ordinateurs portables de nouvelle génération ont autant de chances de tomber en marche que de demeurer muet. Hors, 5 ans, c’est à peine la durée d’amortissement d’une machine dans le secteur grand public, au sein des TPE/PME et auprès des professions libérales.

Ventilés par constructeur, les résultats montrent que tous les portables ne naissent pas égaux. Champion du bug toutes catégories, HP/Compaq est classé bon dernier, avec 25,6% de taux de panne sur 3 ans. Le premier du classement, avec « seulement » 15,6% de taux de mauvais fonctionnement, s’appelle Asus. Asus dont la fiabilité des machine a souvent fait l’objet de remarques désobligeantes de la part de ses concurrents. Second à 0,1% d’écart, Toshiba, seigneur et maître du domaine et quasi inventeur du portable tel qu’on le connaît. Sony, Apple et Dell occupent les positions suivantes, chaque place accusant en moyenne 1% de taux de panne en plus. Un important écart de fiabilité sépare ce peloton de tête des autres marques, Lenovo, Acer et Gateway.

Si l’on peut qualifier de lapalissade les métriques prouvant que les portables « haut de gamme » ont un MTBF meilleur que celui des machines d’entrée de gamme, on ne sera pas surpris d’apprendre que la nouvelle vague des netbooks est plus fragile encore.

L’étude ne détaille pas l’origine de ces mauvais fonctionnements, mais un simple coup d’œil sur les stocks des ateliers de maintenance fournit des indications limpides. Souvent, c’est l’alimentation, ou plus exactement la prise mâle ou la prise châssis qui succombent par arrachement. Contre les crocs en jambe traîtreusement tendus par les fils, seul Microsoft semble avoir trouvé une parade, en équipant les cordons des manettes de ses Xbox de connecteurs d’arrachement. Pourquoi n’en trouve-t-on pas sur les fils d’alimentation ? Les ventilateurs de CPU et leurs échangeurs sont également des candidats au trépas rapide. Soit par panne du moteur (l’on dirait que les constructeurs recherchent en guise de fournisseurs les OEM les moins chers du continent asiatique) soit par encrassement et obstruction des évents de ventilation, souvent mal conçus. Mauvais qualité également au niveau des connecteurs internes et des nappes en circuit imprimé souple. Les inverseurs nécessaires au bon fonctionnement du rétro éclairage viennent ensuite ajouter leur lot de malheurs et de pannes thermiques. Combien de portables ont fini dans une décharge parce qu’une pièce de moins de 50 euros trépassait en exhalant une âcre fumée bleuâtre ? A cette liste l’on doit ajouter les pannes de disque dur, et enfin le mauvais contact sournoisement camouflé dans les contacts de matriçage de l’écran LCD. Une dalle dont le prix, après deux ans de fonctionnement dépasse généralement la valeur résiduelle de l’ordinateur.

D’un point de vue purement électronique, la majorité de ces pannes pourraient être évitées à moindre frais. Principalement en utilisant de meilleurs connecteurs, en repensant les évacuations thermiques, en ajoutant quelques centimes de silent-blocks. Mais il est vrai que, depuis ces 5 dernières années, le « green IT » est un luxe réservé à une infime minorité de machines (les serveurs), lois de la consommation obligent.

5 commentaires

  1. Marc Olanié

    CNIS@Stephane : Certes, vous avez mille fois raison sur le fond, et ce détail ne m’a pas échappé. Mais, afin de défendre mes propos avec la mauvaise foi qui me caractérise, je préciserais que cet argument est discutable d’un point de vue statistique. Car, en matière d’ordinateurs portables, les volumes de ventes des machines « grand public » écrasent totalement ceux des machines dites « professionnelles », à tel point que les métriques sur leur fiabilité deviennent quantité négligeable et donnée impondérable. Je ne compare donc pas une mobylette avec une Peugeot mais l’ensemble du parc automobile Français avec un quarteron de Bugatti fabriquées à la main (Toujours ce sens de l’exagération…). Cela ne masque donc pas le fait que le niveau de qualité et le MTBF « en général » des ordinateur portables est en chute libre depuis un peu plus de 5 ans. Ajouterais-je également qu’il est nécessaire d’établir un sérieux distinguo entre les « machines professionnelles » et « les machines utilisées en milieu professionnel ». La part de systèmes à bas coût achetés par les PME, surtout en ces temps de crise, devient chaque jour de plus en plus importante. C’est à la fois un problème d’amortissement et d’investissement. C’est également une cynique question de logique : est-il nécessaire de dépenser plus de 3000 Euros dans une machine « pro » alors que, trois à cinq ans plus tard, la génération N+1 de noyau ne pourra plus être mise à niveau pour de sordides questions de limitations matérielles ? Si un Netbook qui ne coute que le dixième de ce prix peut convenir, alors que son espérance de vie tend à s’approcher de la durée de vie marketing d’un système d’exploitation, plus d’un responsable de parc se posera la question. Même si cette tendance au gaspillage et au jetable est discutable. Bien sur, ces statistiques et considérations ne remettent pas du tout en question le niveau élevé de qualité et le sérieux du SAV des équipements professionnels.

  2. Le journaliste qui a écrit cet article commet une faute professionnelle en omettant de préciser que SquareTrade – américaine et non britannique – est spécialisée dans les services aux particuliers, pas aux entreprises. Leurs chiffres, peut-être intéressants, concernent donc les gammes « familiales » des constructeurs cités, pas les gammes professionnelles. En citant le taux d’amortissement des entreprises, il y a amalgame. Comme si on commentait les chiffres de Peugeot sur base de statistiques portant sur les vélomoteurs.

  3. Franck

    Les connecteurs d’alimentation des portables Apple utilisent depuis quelques années la « technologie » MagSafe qui empêche tout arrachement…

  4. Et cela risque de devenir de pire en pire, les portables étant devenu accessible en terme de tarif, les gens le préfèrent au fixe. Autant il est relativement facile pour quiconque de comparer les performances autant la qualité est difficile à juger.

    NB: Les connecteurs d’arrachement pour les alims existent depuis longtemps sous Mac 🙂

  5. Pour rebondir sur votre conclusion sur le Green IT, je vous invite à consulter l’article « Matériel informatique : le low cost coûte cher à l’environnement » : http://www.greenit.fr/article/materiel/materiel-informatique-le-low-cost-coute-cher-a-l-environnement

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