WiFi : le spectre hideux du détonateur distant (tome 2)

Actualités - Hack - Posté on 10 Nov 2010 at 6:29 par Solange Belkhayat-Fuchs

Fonctionnant toujours sur l’antique mode « menace-réaction », le TSA, Transportation Security Administration, nous apprend Bruce Schneier, pourrait bien interdire l’usage des liaisons WiFi dans les avions.. Le Wifi, c’est de la transmission sans fil, laquelle (l’imagination du TSA est sans limite) pourrait servir de système de détonation à une bombe cachée en soute. Une crainte née de la récente découverte de plusieurs colis postaux contenant des engins explosifs artisanaux logés dans des cartouches d’imprimantes et reliées à un dispositif de déclanchement à base de téléphone portable sans carte SIM. Du coup, les cartouches d’imprimantes de plus de 16 onces de contenance sont déclarées tricardes auprès des compagnies aériennes. Le fait que le détonateur utilise un téléphone portable plonge certains de nos confrères dans une folle course aux conjectures. Car si le vibreur d’un Nokia ou d’un Sagem d’entrée de gamme peut fort bien servir à établir un contact électrique dès qu’est reçu un appel, la chose est plus compliquée lorsque le dispositif est :
– Quelque part sur un trajet postal ou de fret difficilement traçable
– Enfermé dans un container faisant office de cage de Faraday
– Rarement à portée d’une cellule lorsque l’avion transporteur est en vol et à son altitude de croisière
– Potentiellement à cours de batterie compte tenu des températures de soute relativement basses relevées sur certains aéronefs (certes, pas tous)
De toute manière, l’absence de carte SIM prouve que les fonctions de communication n’ont jamais été envisagées comme une option exploitable par les poseurs de bombes. La détonation devait plus probablement utiliser la fonction « réveil » qui équipe tout cellulaire, y compris le plus bas de gamme. Ce qui, au passage, marque une très nette évolution sociologique des concepteurs de colis piégés. Il n’y a pas si longtemps, ils auraient utilisé une montre (électronique ou non), voir un réveille-matin traditionnel. Le passage au téléphone portable montre à quel point la « souplesse d’utilisation » et l’adaptabilité des GSM de tous poils est appréciée par ces électroniciens aussi amateurs que mortifères.

Ces considérations techniques mises à part, l’attitude du TSA fait dire à Schneier « n’allez surtout pas apprendre aux gens du TSA qu’il existe des machins appelés altimètre ou chronomètre »… L’on pourrait étendre cette liste à l’infini. De l’hygromètre de Tante Adèle au baromètre de Tonton Georges, en passant par la montre de plongée, les PDA, la quasi-totalité des accessoires Bluetooth, les bouteilles d’eau de plus de 5 centicubes (qui pourraient être dangereusement bricolées et transformées en clepsydres, donc en « timer » pour détonateur), les vêtements en coton (aisément transformables en fulmicoton après un cycle de rinçage dans de l’acide nitrique), les élastiques de sous-vêtements modifiables en percuteurs lents, les ampoules de lampe de poche bien sûr, sans oublier tout générateur d’électricité, telle la pile de 1,5V sournoisement camouflée dans un baladeur. Idem pour les rasoirs électriques autonomes, les lecteurs de CD (car les contacteurs fin de course de la tête optique peut également servir de déclencheur) et autres gadgets de geek. Qui donc a d’autres idées ?
Côté emballage, et pour compléter la liste déjà longue dans laquelle entre les cartouches-d’imprimante-laser-de-plus-de-16-onces-de-capacité, nous aimerions attirer l’attention du TSA sur l’aspect sournois de certains appareils, quasiment conçus pour abriter des pains d’explosifs et leurs téléphones siamois. A savoir : les pèse-personnes, les valises de plus de 16 onces de contenu, les chaines HiFi (horrible vision que celle d’une Claymore artisanale camouflée dans un Denon 7.1), les enceintes associées auxdites chaines HiFi, les étuis de violon, violoncelles, flutes traversières et trompettes, les faux rouleaux de papier hygiénique, les bottes de poireaux comptant plus de 8 légumes, les emballages de camemberts, les moulins électriques et autres appareils culinaires de plus de 1,2 dm² ou un raton laveur (empaillé).
« Il est inutile de vouloir colmater la faille que représente les transmetteurs WiFi tant qu’il est possible d’utiliser un quelconque minuteur » conclut Bruce Schneier. C’est là une course stérile. Lorsque l’on sera parvenu (si jamais cela était possible) à éliminer tout ce qui pourrait servir de système de déclanchement temporel, il se trouvera toujours un poseur de bombe capable d’imaginer un système aussi fruste qu’ingénieux pour établir un contact électrique ou chimique.

7 commentaires

  1. marc

    @kitetoa vidéo aussi remarquable qu’amusante. Si Franz Kafka -ou alfred Jarry, papa du père Ubu- avaient vécu en ce début de XXIeme siècle, ils auraient été bien en peine de trouver situation plus… kafkaienne ou ubuesque pour écrire leurs oeuvres.

  2. marc

    @gourmetC’est effectivement le cas aussi des postes de cibi, des téléphones cellulaires, des télécommandes de porte de garage, des talky-walky de type PMR, des radiocommandes de modélisme… somme toute de tout ce qui est sans-fil et qui peut être vendu dans un supermarché ou une GSB. Cet usage conditionnel d’une technologie est-elle un motif suffisant pour en interdire l’usage ? je doute que les opérateurs de téléphonie mobile voient tout çà d’un très bon oeil.

  3. les commentaires n’acceptent pas la vidéo ? C’est pire que le TSA

    😉

    http://www.youtube.com/v/AQv-sdMCClQ&hl=en_US

  4. Le TSA a peur de son ombre et ça donne parfois des trucs assez incroyables. Dans cette vidéo, quelques exemples. L’un d’entre eux : ne pas laisser passer de la nourriture pour une vieille dame en fauteuil roulant (gros risque assez évident, non ?)

  5. Gourmet

    Mouais.
    Le gros intérêt du WiFi c’est qu’il passe inaperçu dans l’ambiance d’une ville.
    Idéal pour déclencher qchose à distance.
    Db

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