Depuis quelques jours, une mission parlementaire conduite notamment par le député Bruno Le Roux (PS) se penche sur la prolifération des répliques d’armes à feu plus vraies que nature. Selon les statistiques de la police, près de 3500 braquages par an seraient perpétrés à l’aide de faux Glock, de pseudo Sig Sauer et des Kalachnikov d’opérette. Une synthèse du problème, signée Franck Cognard, a fait la une de France Info, le député missionnaire explique sur son blog les motifs de sa croisade. Ce qui a entraîné la rédaction de différents articles de la part de nos confrères de – Metro, LCI, Metro encore ou TF1. Mêmes témoignages, mêmes statistiques, même exemple dans le choix des faits-divers illustrant ce problème, même informateur et mêmes propos : le faux flingue fait aussi peur que le vrai et peut légitimement entraîner une riposte des forces de police qui, elles, n’utilisent pas de jouets.
Les syndicats de police, quant à eux, attirent l’attention que dans le feu de l’action, rien ne permet objectivement de distinguer une imitation d’un engin de mort réel… les conséquences peuvent en être dramatiques. Les amateurs de guéguerre ludiques (passionnés de « airsoft ») y voient une campagne médiatique injustifiée, des arguments simplistes et un risque d’entrave à leur activité.
Que nenni ! Nous ne voulons léser personne répliquent les politiques chargés de cette mission. Parmi les « solutions » retenues, un marquage visible sur le canon de l’arme devrait faciliter la distinction entre un joujou et l’arsenal d’un truand. Et de citer en exemple le Canada, qui, depuis longtemps déjà , a imposé cette pratique.
Ce qui revient à dire que ce ne seront plus les fausses armes qui devront être commercialisées sous contrôle, mais les pots de peinture. Car qu’est-ce qui pourra bien empêcher les tontons flingueurs de demain de barbouiller leur Beretta (faut en avoir l’usage, sans ça, au prix actuel, on l’amortit pas) ?
Réponse : rien
Pour preuve, ce cri d’alarme poussé par le maire de New York, ville où, contrairement à la France, l’on voit de plus en plus souvent des braqueurs utiliser de véritables pétoires arborant des couleurs pour le moins assimilables à celles des jouets : Rouge carmin, jaune canari… la police de Baltimore propose même un jeu mortel : spot the real gun. Entre l’AK47 décorée à la « Hello Kitty » et le Glock rose bonbon, difficile de faire la différence entre de l’usine à doum-doum garantie sur facture et un tue-mouche bidon. D’autant plus que même les amateurs y trouvent matière à dérision. Les clubs de tir de l’Ouest Sauvage apprécient l’artillerie customisée aux couleurs d’outils de chantier ou dans les tons girly. Ces spadassins du dimanche, sous des dehors bon enfant, ont la puissance de feu d’un croiseur et des flingues de concours.
Mais le fin du fin, c’est la véritable fausse arquebuse en imitation d’authentique escopette barbouillée. Un authentique faux maquillé en vrai qui serait travesti en faux. De quoi donner la migraine à tous l’hémicycle.
*NdlC Note du Correcteur : généralement traduit par « Je chante les armes et les hommes », ou plus exactement « je chante le combat et le héro », et non « qui a viré de la pate Arma dans le canon ? ». Premier vers de l’Eneide miné comme une plage de débarquement par des accusatifs ou nominatifs suivis d’un infinitif dont il faut comprendre l’obscure liaison. Et on se demande pourquoi j’ai échoué dans la relecture de textes abstrus plutôt que de couler paisiblement mes jours à parfaire mes versions latines.
Certaines parties de cet article doivent beaucoup aux Tontons Flingueurs… mais était-il nécessaire de le préciser ?